Coopération

Comment est pratiquée la convivance dans l'équipe agile ? Quel est le ressenti des coéquipiers, se sentent-ils bien au travail ?

La convivance (vivre ensemble) constitue, avec l’adaptabilité et la progression, un sujet relatif à la question du sens au travail.

L’agilité a porté de grands espoirs pour donner une vie au travail plus porteuse de sens et moins pénible en promouvant la coopération. La façon collective de travailler, l’introduction de techniques de facilitation, l’usage d’outils low-tech (les post-it, les tableaux, la boîte à meuh) a effectivement entraîné de la joie et de la bonne humeur dans les open spaces, coïncidant le plus souvent avec des résultats de bonne qualité.

Malheureusement, la généralisation de la coopération dans les équipes a parfois été entravée par le maintien (ou le retour) du culte de la performance individuelle. L’idée que la récompense au mérite soit nécessaire pour que les gens travaillent est toujours vivace dans des organisations, bien que les études montrent le contraire.

La méritocratie empêche la coopération, ne permettant au mieux que de la collaboration.

Les antipatterns liés à la récompense au mérite

Lé récompense au mérite est contreproductive. Cet article rappelle quelques évidences.

Si elle est quand même appliquée aux personnes dans une équipe, cela est au détriment de la coopération et in fine de l’efficacité.

Des pratiques liées au culte de la performance dégradent la convivance dans une équipe, même agile :

  • mesures individuelles sur les tâches allant à l’encontre de l’entraide,
  • objectifs imposés à chacun en décalage avec la mission de l’équipe provoquant un mal être ( dissonance cognitive ),
  • gestion des ressources qui considère les personnes comme des pions interchangeables menant à l’insécurité psychologique,
  • évaluation individuelle poussant à se mettre en avant auprès du management.

La coopération

La coopération, c’est probablement Eloi Laurent qui en parle le mieux. En tout cas, c’est lui qui m’a permis de mieux la comprendre, en établissant une distinction claire entre collaboration et coopération.

Info

Éloi Laurent a publié Coopérer et se faire confiance en 2024.

Collaborer au lieu de coopérer risque de se heurter aux problèmes suivants :

  • le travail se faisant en groupe, pas en équipe, il n’y a pas d’objectif partagé,
  • le groupe changeant souvent, le temps n’est pas suffisant nouer des tisser des liens solides,
  • la confiance n’étant pas établie, la réciprocité n’est pas pratiquée et le don aux autres est réduit.

Un autre blocage à la coopération, lié au manque de confiance, est la peur de faire de la peine. À cause de cette peur, on ne critique pas les autres, on n’ose pas leur faire un commentaire sur leur travail, ce qui empêche de s’enrichir à leur contact (car la confiance est essentielle à la coopération).

La coopération dans une équipe agile s’appuie sur l’esprit critique de chacun. On peut s’opposer sans détruire la convivance, bien au contraire.

Attention

La coopération ce n’est pas l’absence de règles. Au contraire, l’entraide se renforce avec le respect des règles, voire avec la menace de punition.

Scrum, agilité et coopération

Dans l’édition 6 de mon livre Scrum, un outil convivial pour une agilité radicale, je donne une grande importance à la coopération.

Dans la 3e partie, le prélude, je montre comment elle se construit lors de la naissance de l’équipe, notamment en créant ensemble une charte.

Dans la 4e partie, les rites, j’explique comment ils participent à la confiance dans l’équipe, qui est le moteur de la coopération.

La 5e partie du livre s’appelle carrément La coopération. Voici le titre des 5 chapitres qui la composent :

  • Coopérer pour donner un résultat de qualité
  • Coopérer pour prévoir
  • Coopérer pour plus de fluidité
  • Coopérer à plusieurs équipes
  • Coopérer pour améliorer les capacités de l’équipe

De nombreuses pratiques évoquées dans ces chapitres sont des pratiques coopératives :

  • pair et mob (ensemble) programming,
  • planning poker, planification de saison (release planning),
  • limite Kanban, butinage,
  • affinage multi-équipes,
  • rétrospective, etc.

La coopération dans une équipe agile c’est la capacité à agir et à imaginer ensemble en s’appuyant sur l’intelligence collective.