L'agilité un outil pour la transition
Pour en finir avec les transfos agiles
Transformation agile ? transition à l’agilité ?
Les histoires d’agilité finissent mal, en général. Une raison possible aux nombreux échecs est que ces initiatives tendent à considérer l’agilité comme la finalité.
Nous avons établi que l’agilité n’était pas une finalité, mais un outil. En nous inspirant d’Ivan Illich, nous qualifions l’agilité d’outil convivial, ce qui se comprend ainsi :
L’agilité laisse à l’équipe la plus grande latitude et le plus grand pouvoir de modifier le monde au gré de son intention.
Modifier le monde, on en a bien besoin. Mais pour aller où ? Mais comment commencer ?
Concept de transition
Pour y réfléchir, nous disposons des principes de l’agilité. Nous avons même un outil appelé KARMA qui peut nous aider à réfléchir. À l’origine, il est dédié à l’amélioration de la maîtrise de l’agilité d’une équipe en l’associant au modèle Agile Fluency (c’est ce que je présente dans le dernier chapitre de Scrum édition 6). En oubliant Agile Fluency1, il peut s’appliquer à une transition plus générale.
Son utilisation consiste en quatre étapes, en commençant par répondre à trois questions fondamentales qui, pour modifier le monde, seraient :
- dans quel monde voudrions-nous vivre,
- quel est l’état du monde d’aujourd’hui qui fait que nous ne souhaitons plus continuer à vivre ainsi,
- comment commencer à passer d’un monde à l’autre.
Le dernier point permet de se donner un objectif intermédiaire à horizon rapproché afin de procéder par expérimentations successives. Cette quatrième étape est significative de l’approche pragmatique de l’agilité.
L’agilité un outil pour une transition
L’agilité est donc un outil donnant à une équipe la capacité à s’auto-organiser et à écouter les utilisateurs lors des boucles de feedback, pour créer et maintenir un service répondant à leur besoin. La finalité est le service fourni aux utilisateurs. Si ce service ou produit ou résultat s’inscrit dans une démarche de transition, l’agilité sera naturellement un outil de cette transition.
Une transition est déclenchée par l’intention de sortir de la situation actuelle pour aller vers une nouvelle situation, la cible.
La finalité du travail de l’équipe est de contribuer à cette transition et l’agilité est l’outil pour y arriver.
Exemples de transition
Les deux exemples de transition les plus connus sont la transition numérique et la transition énergétique ou écologique.
La transition numérique
Dans beaucoup de contextes, la transition numérique est déjà finie. Le constat est qu’elle s’est faite très vite. On pourrait considérer que c’est bien. Pourtant c’est une catastrophe pour de nombreux usagers.
Le numérique étant dans le domaine de prédilection de l’agilité, il est fort probable que des projets pour la transition numérique s’en revendiquent. Peut-être que ce sont des cas plus réussis que d’autres, où on a pratiqué des boucles de feedback orientées utilisateurs. Espérons.
Le mot transformation serait peut-être plus approprié que transition pour ce qui a été fait, imposer des outils sans consulter ceux qui les utilisent.
La transition écologique
Cet article Pourquoi parle-t-on de transition écologique explique le choix historique du mot transition.
À propos de transition, Jean-Baptiste Fressoz, dans son livre Sans transition, écrit que ce qu’on a appelé dans l’histoire des transitions constituaient plutôt des accumulations, c’est-à-dire que la transition du bois au pétrole n’a pas signifié l’arrêt du bois, bien au contraire.
C’est un phénomène qu’on retrouve aussi avec l’agilité, où la mise en place des pratiques nouvelles n’empêche pas les anciennes de perdurer.
Il explique que la transition énergétique n’a pas commencé.
L’agilité un outil pour la décroissance
Les deux exemples de transition montrent des erreurs à éviter (des antipatterns). J’ai la conviction que l’agilité peut être un outil permettant de faciliter une transition.
C’est ce que je présenterai à Agile Pays Basque, avec L’agilité de la décroissance, la décroissance étant une transition vers la post-croissance. Cela m’amène à revoir et améliorer la présentation que j’avais donnée à Agile Grenoble en novembre.
je reviendrai sur les limites d’Agile Fluency dans un autre article. ↩︎