Un modèle de l'agilité pour le travail en équipe
Comme dit George Box : Tous les modèles sont faux mais certains sont utiles.
J’ai toujours aimé manier des concepts, en inventer, les relier. J’ai commencé à faire de la modélisation quand je concevais des logiciels, puis j’ai fait des modèles avec des outils de génie logiciel.
Um modèle est constitué de concepts et de relations entre eux. La notion de modèle était centrale dans le génie logiciel, elle l’est beaucoup moins pour l’agilité.
Quand j’ai fait ma transition à l’agilité, j’ai quand même poursuivi — un peu — en modélisant des processus agiles avec EPF. J’ai aussi utilisé des modèles quand j’étais Product Owner d’iceScrum, par exemple pour les éléments du backlog.
Ces modèles servaient à comprendre, et à partager, avant de les transformer en code.
Celui dont il est question dans cet article — le modèle de l’agilité pour le travail en équipe — ne sera pas transformé en code, mais en cartes.
En effet c’est en cherchant à définir les cartes de la fresque de l’agilité que nous avons modélisé l’agilité, selon nos intentions qui ont évolué et mûri.
Le résultat est low tech (des cartes et un rouleau qui sert de support), mais le modèle est complexe, ça nous a déjà pris trois ans, avec de nombreuses expérimentations, pour arriver à celui qui nous sert aujourd’hui.
Le méta-modèle de l’agilité
Si les cartes représentent le modèle de l’agilité, les catégories de cartes et les relations entre elles en sont le méta-modèle.

J’ai utilisé un outil de mindmap, ce qui contraint pour exprimer la nature des relations ; les fils sans étiquette expriment une arborescence de type agrégation : un fondamental contient des principes, un principe contient des antipatterns.
Les notions de fondamental, principe, pattern et antipattern sont présentées dans l’article L’agilité est une philosophie du travail.
Les thèmes
La structure est basée sur la notion de thème, qui correspond à un point de vue sur le travail en équipe. Elle s’est bâtie au fil du temps, par une interprétation radicale du manifeste.
Nous sommes arrivés à un modèle de l’agilité pour le travail en équipe qui comporte 4 thèmes (et 12 sous-thèmes) :

Les fondamentaux et les deux philosophies du travail
À chaque thème nous avons associé un principe fondamental de l’agilité.
Ces quatre fondamentaux de l’agilité sont en opposition à quatre fondamentaux du management moderne, un par thème également.
thème | fondamental moderne | fondamental agile |
---|---|---|
organisation des personnes | division du travail | auto-organisation |
conception du temps | division du temps | boucles orientées utilisateurs |
question du sens | performance individuelle | robustesse de l’équipe |
attention au résultat | flexibilité | sobriété |
Les principes
Un principe (simple) est une proposition qui découle d’un fondamental. Il a une portée plus réduite que le fondamental, c’est-à-dire qu’il peut ne pas être pertinent dans certains contextes.
Nous avons sélectionné 3 principes pour chaque fondamental, ce qui en fait douze pour l’agilité et douze autres pour le management moderne.
Chaque principe de l’agilité a vocation à remplacer un principe moderne.
Les acteurs
Comme les autres fresques, celle de l’agilité commence par les problèmes rencontrés par les gens dans leur travail. Ces personnes sont les acteurs. Nous rattachons les acteurs à des antipatterns par les problèmes qu’ils rencontrent.
Les antipatterns
Un antipattern est, dans un contexte donné, une mauvaise solution à un problème. Ceux qui utilisent cette solution pensent bien faire, le plus souvent par ignorance.
Un antipattern est associé à un principe de l’agilité. Il y a 12 principes, chacun avec de quatre à sept antipatterns. Si les fondamentaux et les principes de la fresque ont acquis une bonne stabilité, les antipatterns sont sujets à évoluer selon les contextes.
Le concept d’antipattern est central dans la fresque :
- il est la cause du problème rencontré par un acteur
- il est la conséquence d’une mauvaise compréhension du principe de l’agilité qui le provoque
- ou la conséquence d’une influence résiduelle du principe moderne que celui de l’agilité remplace
- il est évité par un pattern
Les patterns
Un pattern est la réponse à un antipattern, c’est donc une meilleure solution au problème rencontré.
Un pattern s’appuie sur une ou plusieurs pratiques (qui ne font pas l’objet de cartes dans la fresque). Le mot pratique vient du grec praxis, action. L’intérêt d’une pratique dépend du contexte.
Actuellement le modèle de l’agilité utilisé pour la fresque est constitué de :
- 4 fondamentaux de l’agilité,
- 12 principes de l’agilité,
- environ une cinquantaine d’antipatterns,
- autant de patterns.