L'apprentissage par l'entraide au lieu de la certification professionnelle

Comment sont développées les capacités des coéquipiers

Dans l’esprit des recruteurs et des recrutés, la certification apparaît comme un principe évident, associé à leur idée de l’agilité. Pourtant, un regard critique sur la certification montre que non seulement que l’agilité n’en a pas besoin, mais qu’elle procède d’un courant d’apprentissage qui y est opposé. …

Dans la Fresque de l’agilité, nous avons une carte principe pour la certification professionnelle. Elle fait partie de l’individualisation, un principe fondamental du management moderne néo-libéral, auquel s’oppose l’agilité.

La certification professionnelle a des effets néfastes. Elle pousse à la performance individuelle qui fait perdre le sens du travail. Pour garder ou retrouver du sens au travail, l’agilité y oppose la robustesse de l’équipe, qu’on renforce avec l’apprentissage par l’entraide.

Nous avons identifié 4 difficultés provoquées par la certification. On peut les éviter avec des pratiques issues du principe d’apprentissage par l’entraide, qui permet d’augmenter la robustesse de l’équipe.

Problèmes avec la certification

Certification piège à frelons

Pour les organisations, former ses salariés en passant par les mécanismes de la certification professionnelle coûte cher. Au coût de l’examen de certification s’ajoute celui de la formation associée plus onéreuse. Les organismes de certification sont attirés par le profit.

Plutôt que donner de l’argent à ces organismes dont la valeur ajoutée reste à démontrer, il serait préférable de favoriser l’apprentissage par l’entraide. Le mentorat permet de transmettre des compétences.

Perdre le savoir-faire contextuel

La certification passe par une codification plus ou moins poussée des métiers. Pour les personnes qui travaillent, cette standardisation entraîne une perte du savoir-faire contextuel. Un Scrum Master certifié aura tendance à appliquer des pratiques codifiées sans se poser la question de leur intérêt dans le contexte de l’équipe.

Une équipe agile saura préserver ce capital que constitue la connaissance fine du contexte par les coéquipiers. L’agilité propose un outil pour enrichir leur savoir-faire, c’est la rétrospective de sprint.

Créer une inégalité entre les certifiés et les non certifiés

La certification de certains place les non certifiés dans une situation où certains peuvent souffrir d’un manque de reconnaissance. En effet, c’est souvent à l’extérieur de l’équipe (par un manager ou la RH) qu’est prise la décision d’envoyer une personne se faire certifier. Cela peut être perçu par les autres comme une récompense à laquelle ils n’ont pas droit.

La certification crée une inégalité dans une organisation, entre les certifiés et les non certifiés.

À l’opposé, dans une équipe agile, les besoins en nouveaux apprentissages sont examinés collectivement, par exemple lors du prélude ou d’une rétrospective de saison. La décision d’envoyer une personne en formation, si le mentorat ne peut pas répondre au besoin est prise par l’équipe. Une technique de prise de décision indiquée dans ce cas est la sollicitation d’avis.

Bachotage individuel

L’examen de certification pousse les candidat·es à bachoter. Le bachotage est un fléau dans l’enseignement car il pousse à apprendre seul et par cœur, plus qu’à réfléchir. De même, l’étude forcenée de quelques sources de référence (comme le guide Scrum1) dans l’unique but de réussir la certification ne conduit pas à l’acquisition des capacités attendues d’un Scrum Master, par exemple.

À l’opposé, l’agilité pousse à apprendre de façon collective, en partageant et discutant avec ses pairs. Les communautés de pratiques sont fréquemment utilisées dans les organisations pour apprendre ensemble les uns des autres.

mindmap avec la certification d'un côté et l'apprentissage par les pairs de l'autre

  1. Comme on l’a vu dans l’article précédent avec Antoine. ↩︎

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