L'agilité en résumé

L'agility in a nutshell (c'est autre chose que l'agilité pour les nuls)

L’écriture de cet article me sert d’exercice de préparation pour ma prochaine conférence, à Agile Pays Basque. J’y présenterai L’agilité de la décroissance.

L’agilité est une philosophie du travail qui a ses racines à la fois dans la technologie (plus précisément dans le développement de logiciel, avec le Manifeste) et dans l’école des relations humaines.

Le type de travail applicable à l’agilité se situe dans le domaine de la connaissance qui se caractérise par des besoins évolutifs et des problèmes complexes, entre autres (pour aller plus loin, lisez Finalement pourquoi l’agilité ?). C’est un domaine où l’accomplissement d’un travail est souvent fait en équipe.

Une équipe travaille pour répondre aux besoins des utilisateurs. Elle leur donne un résultat dont ils vont faire usage (d’ailleurs on dit aussi usager).

Ce travail de l’équipe est initié par un sponsor qui donne les moyens nécessaires à l’équipe (on retrouve ces acteurs dans la fresque de l’agilité).

Dans cette relation tripartite (équipe, usager, sponsor), l’agilité pose deux principes fondamentaux :

  • l’auto-organisation de l’équipe qui met en évidence que c’est elle — pas le sponsor— qui décide des modalités du travail,
  • les boucles orientées utilisateurs qui montrent que l’adéquation à leurs besoins est réévaluée régulièrement avec eux.

Ces deux fondamentaux s’opposent à ceux d’une autre philosophie du travail, celle utilisée dans l’industrie (issue du taylorisme et du fordisme). Par exemple, aller vers l’auto-organisation nécessite pour une équipe d’abandonner la hiérarchie, les processus lourds et le contrôle.

Le management moderne, héritier du taylorisme et du fordisme, est encore dominant dans les organisations. À la division du travail et la division du temps historiques, il a ajouté le culte de la performance et la flexibilité du travail. Le déploiement de l’agilité s’y heurte souvent car une rhétorique trompeuse fait passer ces principes pour de l’agilité.

Pour éviter ces confusions, il convient de s’appuyer sur deux autres fondamentaux en opposant à la performance individuelle la robustesse de l’équipe, et en remplaçant l’optimisation de la production sans souci des ressources (humaines ou planétaires), par la durabilité des effets.

En l’ancrant ainsi avec quatre fondamentaux, la nouvelle définition de l’agilité, actualisée avec les problèmes d’aujourd’hui, serait :

L’agilité d’une équipe est sa capacité à s’auto-organiser et à écouter les utilisateurs lors des boucles de feedback, pour créer et maintenir un service répondant à leur besoin, tout en amplifiant sa robustesse face à l’incertitude et la durabilité des effets.

L’acquisition de cette capacité se fait :

  • en s’appuyant sur les principes fondamentaux pour identifier l’action appropriée, selon le contexte,
  • en s’entraînant aux pratiques de l’agilité,
  • en essayant de progresser par petit pas en intégrant le résultat des expérimentations successives.

Ce dernier point (qui correspond au méliorisme) est crucial dans la compréhension de l’agilité, car il rend évident qu’on ne peut pas l’évaluer de façon binaire (agile/pas agile) et surtout que l’agilité n’est pas une fin en soi.

Important

N’étant pas une finalité, l’agilité est au service d’une intention. C’est un outil au sens que lui donne Illich.

Avec notre définition, nous orientons l’intention de l’agilité vers : créer et maintenir un service qui répond mieux aux besoins essentiels. À partir de cette base, c’est à chaque équipe et chaque organisation, en fonction de son contexte, d’exprimer sa finalité, sous forme de mission de l’équipe ou de raison d’être de l’organisation.

Ainsi présentée, l’agilité apparaît comme un outil pour une transition.

Pas une transition agile, puisque l’agilité n’est pas une finalité. L’agilité pour quelle transition ? ce sera l’objet d’un prochain article.

Note

Cet exercice d’écriture —difficile— d’un résumé m’a rappelé les nombreux xxx in a nutshell pour présenter xxx le nouveau concept à la mode dans le domaine du logiciel ou de l’agilité (par exemple BDD in a nutshell).

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