L'agilité POUR la décroissance
Comment l'agilité peut déjà contribuer à outiller la décroissance.

Voici le script de ma keynote à Agile Grenoble, deuxième partie, les slides 13 à 20.
Cet article fait partie d’une série, commencez par le début.
Slide 13
L’agilité telle que vous la connaissez a permis de répondre à ces objections. En fait elle possède aussi des principes et pratiques non seulement compatibles avec la décroissance, mais pouvant la porter.
J’en ai sélectionné cinq.
Slide 14 : GIEC
Les scientifiques du GIEC recommandent la décroissance de l’économie. Ils proposent des actions pour diminuer l’empreinte écologique. Voici la triade qui consiste en :
- éviter (par exemple éviter de développer une nouvelle fonctionnalité),
- substituer (un composant consommateur d’énergie par un plus sobre en ressources),
- améliorer (pour diminuer l’empreinte).
Slide 15 : Simplicité
Le manifeste agile de 2001 présente la simplicité comme un de ses 12 principes :
La simplicité, l’art de minimiser la quantité de travail inutile est essentielle.
Elle répond au principe d’évitement.
Slide 16 : Story points
Moins évident pour associer à la décroissance, c’est l’usage des points de story et du planning poker.
Pourtant il s’agit que la première expérience de démocratie dans les équipes. Chacun sa voix et après délibération on vote pour donner des points à une story.
Première expérience aussi d’estimation et de planification sans unité. Pas d’homme-jour, pas d’heures et pas d’euros.
Une pratique révolutionnaire qui couplée aux boucles de feeedback permettait la substitution c’est-à-dire l’échange d’une story par une autre de même poids (les points) mais avec plus de valeur.
Malheureusement la récupération de la vélocité par le management a tout gâché.
Qui pratique encore le planning poker ?
Environ un quart des participants lèvent la main.
Slide 17 : Dette technique
Elle permet de se questionner sur l’amélioration.
C’est en 1991 que Ward Cunningham a lancé la notion de dette technique. Reprise dans l’agilité des années plus tard elle est devenue le nom donné à la NON qualité du code.
La dette technique représente un capital d’amélioration : le remboursement de la dette. Elle met en évidence qu’avec le cumul des intérêts la date augmente (elle est en croissance).
Cette notion montre l’importance de la maintenance qui consiste en :
- rembourser la dette sur l’existant,
- ne plus en créer sur le nouveau.
De la maintenance du code il est aisé de passer à la maintenance de la planète, avec la dette écologique que nous avons accumulée.
Nous dépassons les limites planétaires, on sait même quel est le jour de dépassement. On sait aussi que sans action cela provoquera l’effondrement.
Il y a donc des limites à respecter.
Slide 18 : WIP
Justement l’agilité nous a appris à travailler avec des limites, des contraintes :
- Des limites de temps avec Scrum,
- des limites sur la quantité de travail avec Kanban (le WIP).
La pratique agile qui permet d’associer une contrainte à un résultat et de vérifier son application c’est le couple définition de prêt - définition de fini.
Prendre en compte une contrainte sur l’empreinte écologique, c’est ajouter une nouvelle entrée dans les listes définition de prêt et définition de fini.
Slide 19 : Rythme soutenable
Dans sa définition de la décroissance, Parrique mentionne le souci du bien être.
Ce souci est déjà présent dans le manifeste de 2001 avec le rythme soutenable. Le 9e principe énonce que :
Ensemble, les commanditaires, les développeurs et les utilisateurs devraient être capables de maintenir indéfiniment un rythme constant.
Cette capacité à durer — on parle aujourd’hui de résilience et Olivier Hamant de robustesse — est à élargir au-delà de l’équipe et des parties prenantes, aux humains et au vivant.
L’agilité POUR la décroissance montre qu’il y a adéquation sur de nombreux sujets. Une même philosophie, une communauté de pensée. Il est temps de passer à l’agilité DE la décroissance, en montrant comment elle devrait évoluer pour contribuer à la transition.