Les Lapins Agiles à la Fête de la musique
Les débuts difficiles d'un groupe de rock qui allait devenir célèbre.
Focalisation
La focalisation est le premier palier de maîtrise de l’agilité défini par le modèle Agile Fluency. Les Lapins Agiles c’est un groupe de rock dont la progression va nous permettre d’illustrer les niveaux d’agilité d’une équipe.
Back to the Lapins
Julien, Simon et Clara avaient commencé à gratter des guitares dans leur chambre. Puis ils ont coopté Bertrand comme batteur. C’est à ce moment-là qu’ils ont constitué le groupe et l’ont appelé les Lapins agiles. Dans le même temps, Julien et Bertrand sont devenus Jimmy et Bert pour faire plus rock. Et après le groupe est resté stable.
Après des semaines de répétition, ils ont quelques morceaux à leur répertoire, des reprises. Ils jouent pour la première fois en public lors de la Fête de la musique.

Il y a une dizaine de spectateurs qui ont l’air contents. Ils ont aussi été contents de jouer ensemble, même s’il y a eu quelques fausses notes.
Back to l’équipe
C’est en atteignant la focalisation qu’on devient agile. L’atteindre nécessite un changement dans la culture de l’équipe. Pour y arriver, l’équipe doit acquérir les fondamentaux de l’agilité, afin de produire régulièrement un résultat apportant de la valeur.
Les managers et toutes les personnes intéressées par ce que fait l’équipe obtiendront avec ce résultat :
- la possibilité d’infléchir la direction prise, en observant chaque résultat ;
- une meilleure visibilité sur le travail de l’équipe.
Investissement du management et de l’organisation
Cependant, ces parties prenantes n’obtiendront ces bénéfices qu’au prix d’un changement dans leur comportement vis-à-vis de l’équipe.
Pour arriver à ce palier, le changement important pour l’équipe n’est pas technique mais culturel. C’est pourquoi il ne sera possible que si le management est impliqué dans l’agilité, pour garantir à l’équipe la sécurité psychologique permettant le développement d’une culture collective.
Avec quelle méthode se focaliser ?
Plus qu’une méthode, c’est un chemin qu’il convient de prendre. Il y a plusieurs chemins possibles.
Dans le livre L’art de devenir une équipe agile, nous empruntons le plus facile pour une équipe qui n’est pas agile et veut le devenir.
Nous en restons aux fondamentaux de l’agilité, en ignorant tout ce qui n’est pas indispensable pour devenir agile (mais qui pourra être utile ensuite, pour que l’équipe devienne plus agile).
Les créateurs d’Agile Fluency évoquent Scrum, Kanban et la partie non technique d’Extreme Programming comme les méthodes permettant d’atteindre la focalisation.
Notre chemin s’appuie sur des notions venant de chacune des trois :
- de Scrum nous prenons du vocabulaire, les rôles de Product Owner et Scrum Master, le backlog et le sprint ;
- d’Extreme Programming nous utilisons la notion de story et la pratique du travail en binôme ;
- de Kanban nous reprenons le tableau kanban (appelé simplement kanban) et la notion de limite du travail en cours.
En ajoutant les rites facilitant l’acquisition de la culture d’équipe, nous avons notre mix agile pour cheminer vers la focalisation.
En réponse à un lecteur, j’ai écrit un article pour approfondir la notion de focalisation : Focalisation, qu’es aquò.
S’arrêter à la focalisation ?
Ils procuraient donc régulièrement du plaisir aux gens, ils étaient arrivés à la focalisation. Qu’allaient-ils faire après ce premier bond en avant ?
Il se pourrait que les Lapins Agiles soient bien contents d’avoir participé à la Fête de la Musique mais qu’ils n’aient pas envie d’aller plus loin. Ils n’ont pas le temps ni la volonté de perfectionner leur technique de guitare et encore moins de faire du solfège.
C’est pareil pour des équipes agiles ; dans certaines circonstances, elles n’iront pas au-delà de la focalisation. C’est par exemple le cas quand l’équipe a développé une version qui a permis à un client important d’être rassuré sur la compréhension de son besoin. Cette version a rempli son rôle, elle a servi à valider une hypothèse, mais elle n’a pas vocation à être “industrialisée”.
Quand la durée de vie de ce qu’on a réalisé est courte, il n’est pas utile d’investir plus dans la qualité. La valeur qu’on espérait a été acquise par l’apprentissage qu’on en tire.
Il existe aussi des situations où le statu quo n’est pas une volonté, mais une conséquence d’un choix d’organisation. Si l’organisation considère que le projet est fini, qu’il n’y a plus de budget pour continuer, alors c’est évident qu’on n’ira pas plus loin.
Il faut toutefois que les donneurs d’ordre soient conscients que, quand ils décideront de passer ce projet à une autre équipe, par exemple pour assurer la maintenance, cette nouvelle équipe n’aura pas l’expérience de la précédente et devra à son tour démarrer le chemin au début.
Cette pratique est malheureusement répandue dans les grandes sociétés de service et peut expliquer la faible qualité de certains produits développés. Pour éviter cela, plutôt que d’avoir une équipe associée à un seul projet, il conviendrait de considérer l’équipe sur la durée, alimentée par un nouveau projet quand le précédent est fini. Une équipe orientée flux.
Bon, revenons aux Lapins Agiles. Après réflexion, ils ont finalement décidé d’investir dans l’amélioration de leur technique musicale. Leur histoire va se poursuivre pour les mener jusqu’au Bikini.