En élaboration : l'agilité de la décroissance
Le 22 novembre, je ferai l'introduction d'Agile Grenoble sur le thème l'agilité de demain avec L'agilité de la décroissance. Je m'y prépare.
Du vélo et de la joie de vivre à l’affiche de cette utopie qu’est la décroissance agile.
Après de nombreuses lectures, après des moments de réflexion, je commence à avoir une structure pour cette keynote d’Agile Grenoble.
J’ai fait des répétitions devant des personnes qui ont bien voulu m’écouter et me donner leur feedback.
Voici la structure actuelle, qui peut encore changer :
Pourquoi la décroissance ?
Dans cette première partie, je vais raconter l’intuition qui m’est venue quand j’ai lu le livre de Timothée Parrique. C’est un livre sur l’économie de la décroissance qui commence par la critique de l’usage du PIB comme indicateur.
Comme l’agilité, la décroissance constitue un changement de paradigme souvent mal compris.
La définition de Parrique :
La décroissance est une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique, planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être.
Une définition longue qui tente de donner le pourquoi et le comment, un peu comme la définition de l’agilité qui apparaît dans L’art de devenir une équipe agile :
L’agilité est la capacité à créer des produits ou services en procurant régulièrement de la valeur, tout en répondant aux changements dans un environnement incertain et turbulent.
Mon intention avec cette keynote est de montrer comment l’agilité peut être un outil pour la décroissance.
Objections à cette association
J’essayerai de répondre à des objections comme :
- pourquoi parler de décroissance ? On peut continuer la croissance tout en réduisant l’empreinte écologique. Pour cette réponse je m’appuierai sur Timothée Parrique qui montre que le découplage croissance - réduction de l’impact écologique ne fonctionne pas. Le techno-solutionnisme est une impasse.
- on ne peut rien faire, c’est foutu.
- pour réduire l’impact, ce n’est pas l’agilité qui va aider, il faut une planification étatique.
- je ne sais pas par quoi commencer ça me bloque.
Mon intention avec les réponses à ces objections est de préciser le cadre de l’utopie présentée : une agilité adaptée à la décroissance.
L’agilité POUR la décroissance
Dans cette partie, je vais montrer que l’agilité actuelle possède déjà des principes utiles pour la décroissance.
Voici quelques exemples :
- la simplicité (qui est un principe du Manifeste agile de 2001),
- le rythme soutenable (également dans le Manifeste),
- les story points utilisés pour estimer collectivement et sans unité,
- le pragmatisme qui pousse à des expérimentations.
J’y ajoute la notion de dette technique qui fait apparaître le coût de la non qualité.
L’agilité DE la décroissance
Pour aller plus loin et permettre une réduction de la production, l’agilité doit être actualisée pour devenir un outil de la décroissance.
Je propose 3 étapes :
- revoir la notion de valeur, pour réduire la prééminence de la valeur économique (afin de sortir du capitalisme),
- étendre l’autonomie de l’équipe, pour réduire la dissonance cognitive subie par les coéquipiers, jusqu’à peser sur ce qu’elle fait, le résultat qu’elle donne,
- planifier par les besoins essentiels dans une lutte fractale, avec des décisions — y compris les plus radicales, comme dire non — à toutes les échelles (tâche, story, fonctionnalité, objectif trimestriel, projet).
Ce sont des pistes qui ont déjà été tracées dans la réflexion collective sur l’agilité radicale. Mon intention est de montrer qu’elles donnent la direction pour expérimenter la décroissance dès maintenant.
La post-croissance
En fait, selon Timothée Parrique, la décroissance est limitée dans le temps. C’est une phase de transition pour aller vers la post-croissance, qu’il définit ainsi :
Une économie stationnaire en harmonie avec la nature où les décisions sont prises ensemble et où les richesses sont équitablement partagées afin de pouvoir prospérer sans croissance.
De la même façon, la mise en place de l’agilité est considérée comme une transition. Agile Fluency est un modèle que j’ai souvent utilisé comme guide pour cette transition.
Mon intention est de fournir un cadre pour définir les principes et les pratiques de l’agilité facilitant la transition vers une post-croissance contextuelle.
Si vous avez des idées, des suggestions ou des questions au sujet de cette présentation sur l’agilité de la décroissance, je les reçois bien volontiers.