La planification du sprint
Le dessin illustre l'orientation flux du sprint, avec le plan mis à jour au fil de l'eau. Et le clin d'oeil au canal du Midi.
La planification du sprint (en anglais Sprint Planning) est un rite Scrum qui se déroule à chaque début de sprint.
Ce rite au tout début du sprint sert à déterminer l’objectif et à produire le plan de sprint.
Pour réussir, il convient de ne pas le voir uniquement comme une séance de planification, mais aussi comme un exercice collectif pendant lequel l’équipe apprend à s’auto-organiser et à partager la connaissance sur le produit et sur la solution pour le développer.
Points clés
Flux
Le sprint est orienté flux :
… on ne met pas toutes les stories en course au début du sprint. N’y passent que celles sur lesquelles on travaille vraiment.
Je dis bien en course, car ce sont les stories qui sprintent, pas l’équipe.
Objectif du sprint
Les stories constituent la variable d’ajustement du sprint, l’engagement se fait sur l’objectif :
L’objectif du sprint décrit le résultat attendu à la fin du sprint, sur lequel s’engage l’équipe et qui détermine le succès du sprint.
L’engagement ne doit pas être pris au sens de Kant (il impose alors une obligation contre nature et va produire inexorablement de la dette technique, en plus de la frustration), c’est un engagement au sens tentative à faire de son mieux collectivement.
Activités
Voyez les activités qu’on y mène avec la mindmap :

Voici un enchainement possible des activités :
- L’équipe embrasse le contexte du sprint. Pour chaque story prête, en commençant par la première, l’équipe confirme avec le PO sa confiance pour la finir dans le sprint.
- Pour faciliter la réalisation de la story, on prépare la tactique de fourmillement et on procède à l’identification des tâches.
- Avec cette connaissance du travail à faire, l’équipe s’engage sur l’objectif du sprint. Le sprint est alors lancé et chacun, aligné sur l’objectif et la tactique collective, part réaliser une tâche.
Patterns et antipatterns
Patterns
Fourmillement
Je l’appelais butinage dans l’édition 4 et essaimage avant).
Le pattern fourmillement propose une solution qui s’inspire du comportement des insectes sociaux.
Le fourmillement (swarming) consiste en une division temporaire de l’équipe. Le sous-groupe créé va s’agglutiner sur une story le temps de la finir.
Le steward d’une story est un coéquipier qui connaît bien l’histoire. Il s’y est intéressé dès l’affinage. Il a pour mission de la raconter aux autres (quand le PO n’est pas là) et de faire en sorte qu’elle soit finie rapidement. Il y reste attaché jusqu’à ce qu’elle soit finie.
TAF
TAF est l’acronyme de “tâches à faire”.
Le pattern taf permet de faciliter l’organisation collective, grâce à une décomposition du travail nécessaire pour réaliser chaque story. Les morceaux sont appelés des tâches.
Antipatterns
Sprint dirigé par les chiffres
- Constat : pensant réduire les risques pour le sprint, l’équipe consacre une grande partie de la planification à faire des estimations, pour les stories et leurs tâches. Elle s’en sert pour calibrer le contenu du sprint.
- Conséquences : l’équipe a l’impression de perdre son temps. Elle néglige l’essentiel, qui est l’objectif du sprint. La tendance est au micro-management.
- Comment faire mieux ? : l’estimation des tâches en heures est une pratique obsolète depuis longtemps. On arrête. Pour l’estimation des stories en points, ce n’est pas le bon moment. L’estimation des stories, si elle se pratique, se passe pendant l’affinage, pas la planification de sprint
Engagement sous pression
- Constat : pour motiver l’équipe, le Product Owner a tendance à insister pour avoir plus de stories dans le sprint.
- Conséquences: cela pousse l’équipe à un engagement subi, ce qui est contre- productif pour sa motivation.
- Comment faire mieux ? : le Product Owner propose l’objectif et définit l’ordre des stories candidates pour le sprint. C’est l’équipe qui décide quelles stories elle embarque. On s’engage sur un objectif plutôt que sur des stories.
Scrum Master planificateur
- Constat: un Scrum Master soucieux d’efficacité après une planification de sprint trop longue la fois précédente, arrive avec une liste des tâches déjà prête et affectées aux membres de l’équipe.
- Conséquences : l’équipe n’est pas impliquée. En effet, si les tâches sont déjà identifiées, et pire affectées, l’équipe va se sentir moins responsabilisée. C’est un retour à un schéma de gestion de projet avec un chef.
- Comment faire mieux ? : la pratique Scrum d’une équipe autonome et responsabilisée rend caducs ces allers-retours : tout est fait collectivement, en une seule unité de temps et de lieu. Essayer les patterns fourmillement et taf.
Plan d’occupation des ressources
- Constat : croyant bien faire, on a occupé tout le monde à 100 %. Le Scrum Master a préparé le suivi avec un burndown chart. Seulement, comme toujours, des événements inattendus viennent freiner l’avancement du sprint, bloquant ou ralentissant une ou plusieurs tâches en cours.
- Conséquences: le burndown ne descend pas! L’engagement de l’équipe est compromis, en particulier si elle s’est engagée sur des stories.
- Comment faire mieux ? : il faut garder du mou lorsqu’on planifie. L’objectif de sprint est un moyen simple de le faire. Les mesures et indicateurs ne sont pas très utiles pendant le sprint.
Planiffage
Planiffage est la contraction de planification et affinage, pour exprimer que l’affinage des stories est fait pendant la planification de sprint).
- Constat: l’équipe ne fait pas ou très peu d’affinage. Elle pense que ce sera plus efficace de tout faire pendant la planification.
- Conséquences : l’équipe passe beaucoup de temps à discuter sur les stories, sans arriver à se mettre d’accord sur lesquelles sont prêtes pour le sprint.
- Comment faire mieux? : pratiquer l’affinage.
