Grenoble est agile
Musique !
Excellente journée à la conférence Agile Grenoble, qui est devenue la référence en France, à la fois par la quantité et par la qualité. Une très bonne organisation du CARA.
J’avais choisi à l’avance les sessions auxquelles je voulais participer. J’ai réussi à y assister (parfois cela été limite, les salles étant vite remplies) et je n’ai pas été déçu de mon choix.
Partie 1 le matin
Offre agile pour survivre dans la jungle économique
J’ai commencé en allant écouter l’auteur du livre Le Manager agile. L’agilité dont il est question n’est pas celle qui vient des méthodes agiles comme Scrum ou XP. Jérôme Barrand nous parle de management, sans lien avec le développement de logiciel.
J’ai pourtant trouvé une grande affinité entre nos discours et d’ailleurs Jérôme a souvent fait le rapprochement avec ce que j’avais présenté juste avant. Notre définition de l’agilité est très voisine.
Je reprends quelques formules qui m’ont marqué (et que j’ai tweetées)
- Nous vivons la montée de la conscience de la finitude, et de la complexité.
- Ne pas confondre individualisme et individualité.
- Passer de l’accumulation à la quête de sens.
- La complexité impose la coopération. En plus de co-opérer, il faut pro-opérer.
- L’offshore-isation est un suicide collectif. (la plus retweetée !)
- Entreprise Agile : c’est la fin de la relation client-fournisseur; c’est le temps de la réciprocité, avec des relations client-client (une variante du gagnant-gagnant).
L’équipe auto-organisée
J’ai continué par le quatuor Annesci qui a montré en musique comment se construit une équipe auto-organisée.
Au début chacun fait de son mieux ce qu’il sait faire, ensuite le groupe se constitue en se synchronisant. Une fois que le groupe existe, chacun peut à nouveau s’exprimer en prenant des initiatives.
Tout ça montré en musique : on a écouté du Vivaldi, du Mozart, du Godounov, du Dvořák (ah, du Dvořák c’était le plus beau morceau de mon point de vue) et du Piazzola.
Y a pas que le rock’n roll dans la vie… Bon j’imagine qu’on pourrait avoir le même type de session avec un groupe de rock au lieu du quatuor à cordes.
On retrouve dans la progression du quatuor à cordes vers l’auto-organisation les phases du modèle de Tuckman que j’avais évoqué dans untrès ancien billet.
D’autres notions dans la vie du quatuor qu’on retrouve dans notre agilité :
- Il n’y a pas de chef.
- L’équipe est stable (avec des années en commun, seule la violoncelliste a changé il y a un an et demi).
- La sollicitation de conseils à l’extérieur (quatuor Amadeus).
- Vers l’unité il faut d’abord écouter l’autre.
- Comprendre ce que le compositeur a voulu dire. (pour nous c’est comprendre le client)
- Correction avant que le public s’en aperçoive (ça alors !).
- Anticipation.
- Harmonie dans l’unité et la liberté individuelle (ça me rappelle l’intelligence situationnelle au rugby).
Un très bon moment, qui a fini par l’introduction dans le quatuor d’un volontaire venant de l’assistance qui les a dirigés pendant quelques minutes (un chef de projet, avec une baguette). Parmi les 3 qui se sont succédé, voici Benoît (le jardinier qui cultive son code) :
Quand l’équipe est bonne, même avec un chef, mmmmh disons moyen, elle arrive à produire du son. Mais c’est mieux sans.
Partie 2 les sessions de l’après-midi
Keynote : Les nouvelles tendances de l’agilité
Aslak Hellesøy est un norvégien qui parle bien le français. Il a présenté sa keynote en début d’après-midi, dans un amphi bondé (450 personnes). Comme j’ai été un des derniers à prendre le dessert (il y a eu un goulet d’étranglement pour le repas), je suis arrivé dans l’amphi au moment où Aslak commençait et j’ai dû rester debout dans le fond.
Les 4 tendances de l’agilité présentées par Aslak sont :
- L’artisanat du logiciel (qui avait fait l’objet d’une session au Sigmat14 par l’Agilitateur),
- Les spécifications par l’exemple type BDD (Aslak est à l’origine de Cucumber),
- Le kanban,
- Le DevOps.
Si j’avais fait cette keynote prospective plutôt que celle d’intro, je n’aurais probablement pas parlé de DevOps (à propos duquel j’ai discuté avec Aslak dans la file d’attente du repas de midi et que je ne voyais pas aussi développé), mais j’aurais comme lui choisi les 3 autres.
J’aurais peut-être ajouté la dette technique, sujet qui est l’objet de nombreuses publications depuis quelques mois (mais à la réflexion avec l’artisanat on peut trouver une réponse à la dette technique).
J’aurais sûrement mis l’agilité à grande échelle, sujet qu’on a retrouvé dans d’autres sessions de la journée et qui me paraît devenir crucial maintenant que l’agilité est largement rentrée au niveau du projet.
Le français d’Aslak est parfois succulent , comme arriéré pour backlog (c’est du google translate) et comme l’acronyme QCCQCB (je crois. C’est l’équivalent de WTF ?).
J’ai aussi noté l’approche verlan qu’il utilise pour outside-in, pour montrer que c’est à l’envers de l’approche habituelle pour les tests.
Deux autres commentaires sur ce keynote :
- Aslak a parlé de la certification Scrum un peu trop longuement à mon goût, même si c’était pour la critiquer férocement. En France je ne crois pas que ce soit un sujet qui mérite autant de place.
- Il a descendu le burndown chart de Scrum (et je suis le premier à le faire) en disant que les managers n’y comprenaient rien. Bon mais ensuite le paradoxe, c’est qu’il a passé plein de temps pour expliquer le diagramme de flux cumulé (que j’adore et considère comme très intéressant). Pour en avoir fait l’expérience plusieurs fois, un diagramme de flux cumulé est plus difficile à faire comprendre à des managers qu’un burndown, même s’il est plus intéressant.
L’Agilité au niveau du portfolio
Jean Dupuiss et Jean-François Jagodzinski (Jef) ont présenté en duo, et avec un style zen (ce qu’on voit de plus en plus, pas toujours facile mais là c’était très bien)
Jean est un spécialiste de la gestion de projet, qui était très PMI et qui vient de se convertir à l’agilité, avec de bonnes lectures :
C’était une excellente présentation pour vendre l’agilité à grande échelle, il reste à développer les pistes esquissées.
À noter :
- Le portfolio est illustré avec des bouteilles de Leffe pour les projets…
- Les releases et sprints synchronisés (le train de release que je reprends dans ma présentation l’agilité au-delà du projet).
Casino Game - venez découvrir comment limiter votre TAF
Laurence Hanot a animé l’atelier avec le jeu inventé par Alexandre pour mettre en œuvre le kanban et illustrer la limite de TAF . La salle était archi-comble, avec un public volontaire. Je m’aperçois que pas mal de gens sont en train d’essayer du kanban.
La contrepartie de l’affluence, c’est que les observateurs ne voyaient pas bien le processus se dérouler. Une fois que le kanban est collé au mur avec des feuilles de paperboard, avec les joueurs, de dos, qui s’agitent avec leur dé et leurs cartes, on n’arrive pas à suivre tout le système.
Les 2 colonnes (en cours, fini) par rôle ont fait l’objet de questions, d’abord posées par les joueurs, qui n’en voyaient pas l’intérêt et mettaient directement la carte dans la colonne à faire du rôle suivant).
Le hasard (?) a fait que le deuxième tour (le premier en kanban) a été très productif. De ce fait la mise en place du TAF dans les 2 tours suivants n’a pas pu montrer d’amélioration dans le système.
Excellente simulation bien menée par Laurence. J’attends avec impatience qu’Alex publie son œuvre pour l’essayer.
Exigences Exécutables Efficaces : “Doing the Right Software”
Bruno Orsier et Rémy Sanlaville nous ont joué une pièce.
Une présentation absolument épatante, la meilleure de la journée de mon point de vue.
Un dialogue bien au point entre un client (Rémy) et le fournisseur (Bruno) traité avec des stories, des storytests en BDD, du code, du Cucumber et tout cela parfaitement maîtrisé.
À noter :
- l’utilisation de 2 vidéo-projecteurs
- l’exemple traité est le test Nokia (ou Scrum butt) en ligne chez Antoine.
Bravo !